La Plongée: Carte et explications

 

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La plongée dans l’atoll de Laamu est différente des atolls du nord. Cet atoll a relativement peu de passes permettant à  l’eau d’y entrer et d’en ressortir, ce qui veut dire moins de plancton à l’intérieur,  moins de courrant et meilleure visibilité .
Le flux réduit d’eau entrant à  l’intérieur de l’atoll explique que la biodiversité s’en trouve un peu réduite. Le plancton est fait de millions d’organismes incluant d’oeufs et larves pélagiques. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a rien à voir: vous pouvez quand même trouver différentes variétés d’animaux, variant du poisson-fantôme arlequin, aux thons, en passant par les requins, des bancs de raies mobulas ainsi que des raies mantas… mais probablement pas tous sur le même site de plongée.
Les formations de corails sont aussi assez différentes dans cet atoll, avec des structures massives de coraux “mous” et “durs”, qui prospèrent dans des conditions comme celles-ci.
Pour les photographes, la visibilité et le courant sont souvent des facteurs critiques pour permettre de prendre de bonnes photos. Une bonne visibilité  signifie plus de lumière en profondeur, ce qui est très important pour conserver les couleurs en photo sous-marine. Peu de courant signifie qu’il est beaucoup plus facile de faire les ajustements et la mise en place nécessaires, et que le contrôle de la flotabilité est plus aisé, afin d’éviter d’effrayer le sujet et d’endommager le récif.
Les deux passes (Kandu) qui se trouvent à environ 45 minutes au nord du centre de plongée sont de bons sites pour les pélagiques comme les requins gris de récif, requins pointe blanche, requins soyeux, requin nourrice, requin léopard, requins renards et requins marteaux, lorsque les bonnes conditions sont réunies. En général, un courant rentrant moyen à fort d’est en ouest. Certaines espèces comme le requin marteau et le requin renard évoluent en eau profonde, surtout s’il y a une thermocline aux environs des  30m. Les requins sont pour la plupart des mangeurs opportunistes, et aiment “s’accrocher” aux récifs sujets à ces courants soudains. Ce qu’il s’y passe est un classique dans la chaîne alimentaire, des organismes de base comme le plancton, aux grands prédateurs comme le thon, l’espadon …. et les requins.
Ca marche un peu comme ça: le plancton est composé d’algues (phytoplancton), d’animaux microscopiques et de larves de poissons (zooplancton). Le phytoplacton étant composé d’algues, qui, comme toutes les plantes ont besoin de soleil pour croître, il se trouve donc principalement à la surface. Le zooplancton se nourrit d’algues pendant la nuit, lorsque ses principaux prédateurs sont relativement moins actifs. Au coucher du soleil, le zooplancton remonte à la surface et au lever du soleil, il redescend à des profondeurs de l’ordre de 100m. Les courants emportent  le zooplancton à travers les passes, où attendent des milliers de bouches de mangeurs de plancton (poissons et coraux.) Ces mangeurs de plancton constituent la majorité de la biomasse des récifs coralliens …. mais des prédateurs comme le thon, le barracuda et la carangue les attendent. Ils font parti des poissons qui nagent extrêmement vite et qui atteignent leur cible à des vitesses incroyables; parfois y arrivant du premier coup, et parfois se blessant eux-mêmes ou d’autres poissons dans leurs tentatives. Les requins sont attirés par ces batailles et sont capables de distinguer les poissons blessés qu’ils vont tenter de prendre. La nuit, les requins viennent d’eux même et sont de puissants prédateurs.
Pour vous donner une  petite idée des profondeurs autour des Maldives, jetez un oeil à cette carte montrant les profondeurs en mètres autour de ces deux Kandu, et aussi le point le plus au nord, Isdhoo Muli . Quand vous pouvez mesurer la profondeur en kilomètres, cela signifie que l’eau est réellement profonde, et vous pouvez alors parler dans des termes tels que «les plaines abyssales», ce qui ne sonne franchement pas mal. La péninsule d’ Isdhoo en particulier, a des tombants incroyables à seulement un jet de pierre du récif extérieur. Des plongeurs ont rapporté avoir vu des «mola mola» ou poissons-lune,  à certains moments de l’année. Ces poissons massifs et mystérieux ne sont normalement pas vus près des récifs, mais peut-être la proximité de l’eau très profonde signifie que nous pouvons voir des poissons tels que des mola mola, des requins renards et des requins marteaux.

 

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Imaginez une chaîne de montagnes qui s’étend du nord au sud, où seulement les cimes de ces montagnes sont visibles au-dessus des nuages, et cela vous donne une idée d’a quoi ressembleraient les Maldives hors de l’eau. Tout comme le vent souffle dans les vallées des montagnes, les courants affluent dans et hors des atolls à travers les passes (Kandu.) Les deux  Kandu au nord sont très étroits et peu profonds, donc un volume d’eau monstreux y passe avec les marées. Les courants océaniques jouent également un rôle majeur dans l’orientation du courant. En général, les courants suivent les vents dans l’océan Indien. A partir de Décembre, les flux d’est en ouest poussent l’eau dans l’atoll (courant rentrant) et sortant par les Kandu ouest. La direction du vent s’inverse en Avril et donc les deux Kandu au nord ont plutôt des courants sortants d’ouest en est. Cepandant, en réalité, prévoir les courants a rendu fou même les guides les plus expérimentés et les capitaines de bateaux. Les différentes températures de l’eau, le niveau et la densité de salinité provoquent différentes “couches” d’eau, pouvant se déplaçer à des vitesses et dans des directions différentes, pour n’importe quelle plongée, mais spécialement lorsque les courants sont généralement les plus forts, lors des marées entre les mois de janvier et mai.
Directement à l’intérieur de ces deux kandu (Fushi et Maabaidhoo) existent quelques pinacles de corail, assez communs aux Maldives. Ils sont un peu comme ces irritations entraînant la croissance de perles dans certaines huîtres, beaucoup plus grandes mais tout aussi jolies. Ces pinacles sont appelées «thila» aux Maldives, et pour une raison inconnue, on les appelle “Haa” ici dans l’atoll de Laamu. Ces Thilas ou Haa concentrent beaucoup de variétés de coraux et d’espèces de poissons, car ils reçoivent des nutriments provenant de différentes directions ainsi que la lumière du soleil et de l’ombre, permettent à des “niches organiques” de se développer. Les Thilas (ou Haa) sont un peu comme une oasis dans un désert; beaucoup de bancs de poissons comme les vivaneaus, les fusiliers et les carangues s’y rencontrent, ainsi que des coraux mous. Le courant n’est généralement pas très fort sur ces récifs dans l’atoll de Laamu, mais il y a habituellement un côté dominant où les nageurs rapides, se nourrissant de plancton, se trouvent (ainsi que leurs prédateurs), et un côté plus calme où les poissons plus lents s’abritent.
Ensuite, il y a des récifs à l’intérieur de l’atoll de Laamu qui peuvent réserver de nombreuses surprises. Un site de plongée que nous avons trouvé, a beaucoup de pinacles (ou mini-thila) dans une zone assez petite. Nous avons d’abord pensé qu’il y en avait seulement quelques uns, mais nous en avons trouvé environ 20 depuis. Il s’agit d’un site assez unique aux Maldives; les formations coralliennes y sont aléatoires et bizarres. Chaque mini-thila a des sections de cavités et de corail mou et des surprises en pleine eau, comme des requins de récif et des bancs de raies Mobula (pensez mini-mantas). Théoriquement, ces mangeuses de plancton ne devraient pas être trouvées à l’intérieur de l’atoll, mais le fait d’en trouver  prouve que lorsque vous pensez que vous savez quelque chose, la nature vous montre que vous en savez réellement très très peu. La visibilité est excellente à l’intérieur de l’atoll, permettant à la lumière de pénétrer plus profondément que d’habitude, et au corail de se développer à des profondeurs plus grandes que dans d’autres atolls des Maldives. Ceci et l’absence de la pression du tourisme dans cet atoll peuvent être des raisons pour lesquelles le corail est en excellent état et semble avoir été peu touché par l’épidémie de blanchiment au milieu des années 90.
Les tombants intérieurs proposent une plongée très facile avec un fond relativement peu profond, à environ 25m, et peu de courant. Nous avons trouvé des poissons-fantômes (arlequins et mouchetés), ainsi que beaucoup de différentes raies pastenagues et occasionnellement des raies mantas.Le plancton est souvent plus “épais” sur les récifs intérieurs en raison de l’abondance d’aliments (dans le cas présent, l’abondance de detritus, comme du bois, et des ports ou l’eau ne  bouge pas), ce qui signifie une augmentation de la biodiversité …. au détriment de la visibilité. Les herbiers marins se développent dans les zones peu profondes et sont un des aliments préférés des tortues vertes.
Une nouvelle perspective passionnante pour nous est d’explorer les zones situées entre les îles, sur la bordure orientale de l’atoll. Il peut y avoir beaucoup de courant dans ces petites passes peu profondes, et elles pourraient se révéler etre d’excellents habitats pour les poissons juvéniles et un paradis pour les amoureux de la vie macro.

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